Blanchette Architectes s’inspire des villes pour les espaces de bureaux de Vention

La firme montréalaise Blanchette Architectes vient de compléter la transformation d’une ancienne usine de fabrication de tapis pour son client Vention. Cette société spécialisée en automatisation industrielle a ainsi ajouté plus de 15 000 pieds carrés sur deux niveaux à ses installations du 4767 Dagenais, dans le quartier montréalais Saint-Henri.

Faire cohabiter le vide et le plein

Puisque Vention occupait déjà une partie de l’édifice, le défi était de raconter une histoire nouvelle tout en composant avec celle existante. « Pour y parvenir, nous avons conçu un bâtiment dans le bâtiment, illustre Sarah Arsenault, directrice du service de design d’intérieur de Blanchette Architectes. La commande était de réaliser un aménagement qui allait encourager la cohabitation de diverses fonctions. En plus, il devait se moduler autour de contraintes architecturales présentes, de la fenestration en hauteur et du grand besoin de maximiser la superficie ajoutée aux locaux existants. »

Parce que les plafonds étaient très hauts et que l’endroit était à aire ouverte, les experts de Blanchette Architectes tenaient à éviter l’effet « entrepôt de personnel ». Par conséquent, ils ont proposé d’habiter le centre, à la manière des villes d’autrefois, qui se développaient autour d’un noyau central – habituellement une église. Une telle approche reflétait justement le caractère communautaire de Vention, où les membres des équipes travaillent en collégialité.

La notion de ville est d’ailleurs apparue tôt dans le projet. Ainsi, bien qu’ignorant qu’elle était au cœur du concept, plusieurs employés ont commencé à utiliser l’expression « Village » pour désigner ce nouveau lieu de travail. Celui-ci a été inauguré en juin dernier après neuf mois de conception et de chantier.

« Nos employés forment une communauté engagée autour de projets communs, explique Michelle Mathieu, chargée du projet de réaménagement pour Vention. L’architecture déployée par les spécialistes de Blanchette Architectes s’inscrit dans cette philosophie, car elle leur procure de multiples points de rassemblement. »

Un lieu convivial et animé

Après le dépôt d’un volume au centre de l’espace pour découper celui-ci, des aires de rencontres ont été mises en place. Ici également, l’idée d’urbanité a inspiré les concepteurs, car les salles de travail et de réunion jouent un rôle similaire à celui des aires publiques de détente qu’on trouve souvent dans les villes.

Gravitant autour de l’objet principal, on trouve d’un côté une arche monumentale. Elle s’impose par son gabarit, né du lien entre deux puits techniques existants. À la manière de l’Arc de Triomphe, cette structure magnifie les contraintes, célèbre les victoires et agit comme un portail. De l’autre, une estrade adaptative joue à la fois le rôle de parvis, de promontoire et de seuil. Établissant une jonction entre les deux niveaux, de tels gradins animent l’espace comme un lieu d’interstices et de rencontres informelles.

En guise de clin d’œil à leur utilisation fréquente en robotique et sur les chaînes de production, des profilés sont omniprésents dans les différentes sections, dégageant une allure rappelant les jeux Meccano. Leur fonction dépasse toutefois le symbolisme, car une telle structure métallique sert notamment à soutenir la toiture en porte-à-faux.

Quant au bleu, couleur maîtresse dans l’imagerie de Vention, il a été harmonieusement intégré, entre autres dans le verre teint des vitrines et des fenêtres des bureaux et autres pièces fermées.

Bien planifié, bien réalisé

Le défi est relevé : les déambulations se perdent et se retrouvent, les surprises se créent, les espaces se pincent, puis se dilatent, les fonctions, se côtoient et s’emboîtent. De fait, c’est un parcours de surprises que l’équipe de Blanchette Architectes a installé dans un contexte de sérendipité, où le hasard mène à des découvertes inattendues et fructueuses.

Au chapitre du fonctionnement, Blanchette Architectes a démontré une très grande rigueur en respectant le budget initial fixé à moins de 80 $ du pied carré. De son côté, l’entrepreneur Groupe Manovra a fait preuve d’une impressionnante agilité en s’adaptant sans cesse à des facteurs incontrôlables comme les délais d’approvisionnement et en assurant l’entièreté de la conception électromécanique.