Le REM, un projet qui transforme les infrastructures
La construction du Réseau express métropolitain (REM) transforme le paysage urbain sur une impressionnante distance de 67 kilomètres. Afin de s’y adapter, plusieurs travaux doivent être effectués, notamment sur le plan des infrastructures. Dans cet article, un expert de Colliers Maîtres de projets, la branche conseil en infrastructure et gestion de projet de Colliers, nous présente les impacts de ce projet d’envergure sur les infrastructures et comment les municipalités peuvent s’y préparer.
Repenser les aménagements
D’entrée de jeu, Alain Grégoire, vice-président infrastructure chez Colliers Maîtres de projets, rappelle que bon nombre de collectivités où se trouvent les stations du REM ont été façonnées sans la vision d’y accueillir un train léger. « Elles comptent beaucoup de propriétés commerciales et unifamiliales, sont peu densifiées et leurs rues sont adaptés aux voitures. Avec le développement du REM, on doit façonner la région métropolitaine autrement. Des secteurs où l’on retrouve actuellement 1 000 habitants pourraient atteindre 5 000 au cours des prochaines années », évalue-t-il.
À son avis, si le REM est fiable, la population l’adoptera, car les nouvelles générations ressentent moins le désir de posséder une voiture et préfèrent utiliser les solutions plus écologiques pour se déplacer.
Favoriser la densification
La création du Réseau express métropolitain favorisera la connectivité entre de petits noyaux de population où les services essentiels seront facilement accessibles à pied. « Ce qui est intéressant, c’est qu’on peut à la fois vivre, travailler et se divertir au même endroit. Par exemple, les gens qui sortent du train vont apprécier pouvoir passer à l’épicerie sans devoir prendre leur voiture avant de retourner à la maison. Le fameux last mile à marcher peut vraiment changer la donne, surtout dans notre pays où les hivers sont très froids », soutient M. Grégoire. Selon lui, ce dernier aspect doit être mûrement réfléchi par les intervenants concernés pour assurer le succès du REM.
En outre, la densification nécessite immanquablement le renforcement des infrastructures, ce qui implique une étroite collaboration entre les développeurs et la Ville. « Ces changements majeurs sont pour la plupart souterrains (aqueducs, égouts), mais des stationnements doivent être construits pour les stations en périphérie. Cependant, avec l’augmentation des surfaces imperméables, il faudra s’assurer que les nouvelles infrastructures sont conçues pour l’adaptation aux changements climatiques comme les pluies diluviennes », ajoute Alain Grégoire. Celui-ci croit aussi que la densification représente une bonne nouvelle pour les payeurs de taxes, car plus les propriétés sont situées dans un rayon étroit, moins les services publics coûtent cher.
Par ailleurs, afin d’inciter les jeunes familles, les personnes immigrantes ou les retraités à s’établir près des stations du REM, des améliorations devront être apportées aux alentours. « Les gens vont s’attendre à avoir un environnement agréable et accueillant avec des parcs, des sentiers, des places événementielles, etc. », illustre M. Grégoire.
Réduire le nombre de voitures sur la route
Au centre-ville de Montréal, on tend de plus en plus à accommoder les cyclistes et les piétons en créant des zones interdites aux véhicules. « En plus de favoriser la décongestion routière, cette façon de procéder est en accord avec la lutte aux changements climatiques et l’objectif gouvernemental de décarbonation », soutient-il. Et malgré que des commerçants craignent de perdre des clients dans ces zones sans stationnements, Alain Grégoire estime au contraire qu’une nouvelle catégorie de consommateurs se rendra dans ces commerces grâce au REM.