Photo:  Steve Montpetit

Dans le cadre d’une entente de renouvellement pour le Grand Prix du Canada de Formule 1, la Ville de Montréal a dû remplacer les structures temporaires existantes par un bâtiment permanent plus grand qui réponde plus adéquatement aux besoins de l’événement. Le nouveau paddock comprend des garages pour les écuries, des bureaux pour la Fédération internationale de l’automobile (FIA) et le promoteur, un espace lounge pour 5 000 personnes et un centre multimédia pour les journalistes et les diffuseurs. Tous les meubles et équipements sont expédiés de l’étranger et installés pour la durée de l’événement.

Pour faciliter la réalisation du projet de 50 M$ dans les 10 mois libres qui séparent les deux éditions du Grand Prix, le bâtiment a été conçu comme un assemblage de pièces préfabriquées comprenant des panneaux de béton, des poutres et des colonnes en acier, des poutres et des panneaux en bois CLT, des murs-rideaux et des cloisons démontables. Il peut également être aisément démonté et les matériaux recyclés en cas de terminaison du Grand Prix.

Contrairement à d’autres grands prix internationaux, les espaces lounge n’ont pas de murs extérieurs et ne sont pas climatisés, les espaces intérieurs sont minimalement finis et le bâtiment doit faire un usage responsable des sommes publiques investies tout en dotant Montréal d’un équipement reflétant son identité et ses valeurs pour un événement vu par plus de 300 millions de personnes à travers le monde.

Concept

Le bâtiment fait écho aux structures innovantes qui ont marqué l’imaginaire québécois lors de la tenue de l’Exposition universelle de 1967 sur le site même de l’île Notre-Dame. Le logo de Terre des Hommes utilisant le Y pour représenter des hommes aux mains tendues demeure encore aujourd’hui un symbole indélébile de cet été qui a marqué ici l’avènement de la modernité. La structure de bois proposée pour la toiture est fondée géométriquement sur ce souvenir afin de se détacher des images et des valeurs habituellement associées à la course automobile et plus spécifiquement à la Formule 1. L’avènement de nouveaux propriétaires et dirigeants à la tête du circuit a rendu possible l’acceptation de cette proposition qui correspond à leur volonté de s’éloigner du luxe ostentatoire globalisé pour plutôt mettre en valeur la spécificité culturelle et géographique de chacune des étapes du circuit et l’adapter aux valeurs émergentes.

Programme

Les nouveaux Paddocks pourront accueillir jusqu’à 13 écuries, qui auront chacune deux accès à l’avant pour les monoplaces, les pilotes et les équipes techniques, ainsi qu’un accès de service situé à l’arrière du bâtiment pour le matériel ou pour accéder rapidement à la zone Hospitalité réaménagée.

Conçu sans division permanente, l’espace des garages est modulable selon les besoins des équipes à chaque édition du Grand Prix du Canada : des cloisons temporaires seront utilisées pour créer les divisions souhaitées et ainsi convenir aux besoins techniques de ce sport en constante évolution.

Le bâtiment présente une toute nouvelle configuration de l’espace des commentateurs sportifs et des représentants de la FIA et FOWC : la répartition a été repensée afin de répondre au besoin d’interactions des intervenants avec l’action qui se déroule sur le circuit. Contrairement à l’ancienne tour de contrôle qui était faite en hauteur pour offrir une bonne visibilité sur la piste, la nouvelle tour est aménagée à l’horizontale sur deux étages à même le bâtiment, puisque les nouvelles technologies de contrôle de course nécessitent désormais moins de visibilité directe.

Un espace média est intégré au bâtiment plutôt que d’être situé dans un chapiteau temporaire, afin de fournir des services de qualité aux représentants journalistiques, soit de l’éclairage modulable, un système de ventilation adapté et des boitiers de connexion électricité et télécommunications incluant de la fibre optique.

Cet espace média est aussi un espace locatif mis à la disposition des Montréalais pour des événements à l’extérieur de la période du Grand Prix en toutes saisons.

Le bâtiment a été conçu pour multiplier les vues sur la piste de course, mais aussi sur tout l’environnement du parc qui l’entoure, avec l’aménagement de plusieurs terrasses aux 2e et 3e étages.

Le nouveau bâtiment étant plus élevé, il présente un panorama à 360 degrés aux spectateurs. D’un côté, une vue rapprochée sur la plage Jean-Doré, le Casino de Montréal, ancien pavillon de la France lors de l’Expo 67, ainsi que l’ancien pavillon du Québec qui y est adjacent. Au loin, la ville de Montréal, le Mont-Royal et sa croix sont visibles.  De l’autre côté, on aperçoit au premier coup d’œil le Bassin olympique où s’entraînent des groupes de sportifs d’aviron, de canoë-kayak et de bateaux-dragons. Derrière, un étroit passage du fleuve Saint-Laurent parcouru par des bateaux de marchandises, puis la Rive-Sud de Montréal.

 

Accessibilité universelle

L’accessibilité a été complètement repensée dans le nouveau bâtiment : l’ensemble du rez-de-chaussée est au même niveau que le sol et les étages sont accessibles via un ascenseur vitré panoramique situé à l’entrée Est. Des places de gradins et des salles de bains sont également aménagées pour assurer l’accessibilité universelle et faciliter les déplacements.

 

Développement durable

La structure de la toiture de 1425 m3 est faite en bois, un matériau durable et renouvelable. Puisque, lors de sa croissance, le bois capte le CO2 dans l’atmosphère et le séquestre dans sa fibre, ce volume de bois correspond à la séquestration de plus de 1 000 tonnes de CO2. Le bois est ainsi considéré comme carbonégatif, ce qui signifie que non seulement l’utilisation du bois en construction engendre peu d’émission de carbone, mais elle contribue aussi à éliminer du dioxyde de carbone supplémentaire de l’atmosphère.

L’étanchéité de la toiture est réalisée avec un revêtement élastomère recouvert de granules minéraux blancs afin de limiter l’effet d’îlot de chaleur et la hausse de température pour les spectateurs.

Les panneaux solaires photovoltaïques sur la terrasse totalisent 64 m² et devraient emmagasiner assez d’énergie solaire en une année pour compenser la dépense énergétique requise pour le bâtiment complet lors d’un Grand Prix. Le système installé fournira une moyenne de 87,600 kWh par année et la consommation énergétique estimée pendant l’évènement de Formule 1 est de 88,940 kWh.

 

Production locale

Le bois utilisé pour les poutres, sous forme de lamellé-collé et lamellé-croisé (CLT), ainsi que pour le platelage, sous forme de lamellé-croisé, provient du nord du Québec et valorise des essences et des pièces de bois de petite taille pour optimiser la fibre de la totalité des arbres lors de la coupe. Les pièces de béton préfabriqué proviennent d’une compagnie québécoise, tout comme les murs-rideaux et la structure d’acier. La division en plusieurs lots distincts de la structure (béton, acier et bois) a permis la production simultanée en usine des quantités colossales de matériel ainsi que leur érection en un laps de temps très limité et malgré un hiver rigoureux.

 

Prix et distinctions

Award of Excellence, Canadian Architect – 2018

Mention en innovation de l’OAQ – 2020

Grand Prix d’excellence de l’OAQ – 2020

 

Fiche technique

Nom du projet : F1 Grand Prix du Canada – Nouveau Paddock

Localisation : 222 Circuit Gilles-Villeneuve, Montréal, QC

Date de mise en service : Mai 2019

Client : Société du parc Jean-Drapeau

Architecte : Les architectes FABG – Éric Gauthier (directeur de projet), Marc Paradis (chargé de projet), Nicolas Moussa (chargé de projet)

Entrepreneur général : Groupe GEYSER

Ing. Structure : CIMA+

Crédits photographiques : Steve Montpetit

 

Au cours des vingt dernières années, FABG a été le choix récurrent des principaux intervenants du milieu culturel (Cirque du Soleil, Festival de Jazz, École nationale de théâtre du Canada, Ex-Centris, Festival des films du monde, Place des Arts, etc.) pour la réalisation de nombreux projets à Montréal.