La Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ) réagit à l’annonce d’une nouvelle hausse des taux d’intérêt. La CORPIQ s’inquiète particulièrement des effets des hausses successives, depuis 15 mois, du taux directeur de la Banque du Canada sur le marché immobilier québécois. Bien que cette mesure vise à atténuer la poussée inflationniste au pays, cette décision aura un effet néfaste sur la capacité des propriétaires de logements locatifs à investir dans l’entretien du parc locatif et, surtout, de stimuler la construction de nouveaux logements dans un contexte de déséquilibre de l’offre et de la demande. Rappelons que plus de 70 % des logements ont été construits il y a plus de 40 ans et que les taux d’inoccupation des logements sont sous les 3 % partout au Québec.

« La pression sur le marché immobilier locatif au Québec pose de véritables défis pour les locataires et les gestionnaires de logements privés. Depuis 10 ans, les coûts de construction et de rénovation ont explosé de plus de 54 %, les frais d’assurance sont en hausse de 77 % et les frais de financement hypothécaire avoisinent maintenant les 6 %. Avec la hausse des taxes foncières municipales et scolaires, plusieurs propriétaires du parc locatif se retrouvent en situation déficitaire alors que les mécanismes actuels de contrôles des loyers sont mal adaptés pour intégrer les effets de cette conjoncture. Prenons l’exemple d’une hypothèque de 600 000 $ pour un plex de 6 logements. La facture annuelle supplémentaire dépassera maintenant plus de 20 000 $ pour un propriétaire locatif. Certains propriétaires pourront difficilement survivre financièrement avec les recommandations du Tribunal administratif du logement (TAL) à environ 3 % (30 $). C’est malheureusement la santé des bâtiments qui sera principalement affectée par un sous-investissement dans l’entretien. Les gouvernements doivent rapidement convenir d’une stratégie concertée pour venir protéger le parc locatif et stimuler la création de logements », a expliqué M. Marc-André Plante, directeur, Affaires publiques et relations gouvernementales.

Par ailleurs, soulignons que, selon une enquête récente (juillet 2022) auprès des membres de la CORPIQ, ce sont près de 60% qui possèdent une hypothèque à taux variable, et près de 80% d’entre eux ont une hypothèque qui dépasse la moitié de la valeur du bien immobilier.

Sondage de la CORPIQ (juin 2023) : L’optimisme des propriétaires locatifs n’est pas au rendez-vous

Au cours des dernières semaines, la CORPIQ a réalisé un sondage auprès de plus de 850 propriétaires locatifs ayant sous gestion près de 40 000 logements partout au Québec afin de connaitre leur état d’esprit dans le contexte actuel. Les propriétaires locatifs québécois sont très préoccupés par l’avenir du secteur locatif en habitation. Seulement 13,4 % des répondants souhaitent lancer un projet de construction de nouvelles unités locatives à court terme. Sur une échelle de 0 à 6 (0 étant très pessimiste), le niveau d’optimisme est anormalement bas : 1,55 sur 6. 75 % des répondants jugent négativement le contexte de l’immobilier locatif au Québec.

« À l’évidence, l’état d’esprit des propriétaires locatifs n’est pas à la fête. Financièrement, les risques sont trop importants actuellement pour investir en immobilier. La rigidité des règles pour construire de nouveaux logements décourage les plus optimistes et le cadre légal n’est plus assez souple pour bien entretenir le parc locatif existant. On se trouve dans une impasse ou l’augmentation du taux directeur de la Banque du Canada vient malheureusement freiner les bonnes intentions de tous les partenaires en habitation », a conclu M. Plante.