Photo : Olivier Gariépy

En 2018, les firmes Jodoin Lamarre Pratte architectes et Menkès Shooner Dagenais LeTourneux Architectes ont été mandatées pour réaliser la dernière phase du nouveau Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), conçue durant la première phase par CannonDesign et NEUF architectes. Érigée à l’angle du boulevard René-Lévesque et de la rue Saint-Denis au centre-ville de Montréal, cette  dernière phase du projet suit celles du Centre de recherche (2013) et de l’hôpital (2017 – Phase 1), et confère au CHUM le titre de l’un des plus importants centres hospitaliers en Amérique du Nord.

Cette dernière phase, inaugurée le 10 juin dernier, regroupe deux nouvelles tours (pavillons B et C), incluant l’entrée principale de l’hôpital sur Saint-Denis, un stationnement souterrain de 852 places, ainsi que l’amphithéâtre Pierre-Péladeau, pour une superficie totale de 73 752 m². Visant une certification LEED Argent, ce nouvel établissement intègre les technologies des plus avancées au monde et compose un milieu de soins et de recherche qui place l’humain au cœur de chaque action.

Grand projet, grands défis

Situé en plein cœur d’un quadrilatère très achalandé du centre-ville de Montréal, le complexe hospitalier du CHUM s’intègre à un environnement urbain dense, à proximité de l’autoroute Ville-Marie, d’une station de métro et des quartiers cosmopolite et historique de Montréal. « Cet emplacement présentait de nombreux défis, explique Joanne Parent, architecte, chargée de projet adjointe et responsable du contrôle de la qualité architecturale du projet. D’abord, parce que l’hôpital devait demeurer en service continu et que les travaux ne devaient absolument pas compromettre la sécurité des usagers de l’hôpital. Ensuite, parce que les travaux d’excavation et la conception de la structure ne devaient imposer aucune charge sur les infrastructures de la ville (plusieurs services enfouis) ou sur la phase 1, ni entraver la circulation autour de l’hôpital. » Par ailleurs, les exigences liées à un milieu hospitalier de cette envergure ont nécessité une coordination interdisciplinaire exemplaire. Plus spécialement, cette dernière phase du CHUM devait réussir sa cohabitation avec les phases précédentes, surtout en ce qui concerne le pavillon C, où se trouve le prolongement des cliniques externes et dont la réalisation impliquait des connexions multiples et complexes avec l’existant.

« En réalité, le mot “complexe” est sans doute celui qui définit le mieux ce projet, poursuit Martine Gévry, chargée de la planification des unités fonctionnelles cliniques, de la bibliothèque médicale et des bureaux, des équipements spécialisés et du contrôle de la qualité architecturale des aménagements intérieurs. Un pareil développement en milieu hospitalier implique une multitude de considérations plus importantes les unes que les autres, en ce qui a trait notamment aux équipements médicaux spécialisés, aux exigences de confidentialité, aux enjeux de contrôle des infections, de fluidité des circulations et d’efficacité des aménagements. » Tout est méticuleusement analysé, conçu et réalisé pour permettre la composition d’un milieu de soins qui soit à la hauteur des activités qui s’y tiennent, des personnes qui y travaillent et des usagers qui y sont soignés et accompagnés. Si tout cela s’est avéré réalisable dans cette dernière phase du CHUM, il faut aussi y ajouter les défis d’une réalisation efficiente et réfléchie dans un cadre très exigu, sur rue, où chaque déplacement de main-d’œuvre ou de matériaux entraîne un calcul mathématique quasi sans fin.

L’être humain avant tout

Cette dernière phase du CHUM visait à créer un environnement capable d’accueillir et d’accompagner les usagers, de les soutenir au fil des diagnostics, des traitements, des suivis, des visites à leurs proches, en somme, un environnement bienveillant pour les patients de même que pour le personnel qui y œuvre au quotidien.

La qualité des espaces possède un impact direct sur la qualité de vie des usagers, sur le sentiment de sécurité et de confiance, de même que sur le personnel et son expérience au travail. « La concertation des différents professionnels impliqués a mené au développement d’espaces de travail et d’aires de repos abondamment fenestrés, pourvus d’éclairage adapté à la tâche et de vues sur l’extérieur, précise Mme Parent. L’architecture joue un rôle essentiel dans la planification et la fonctionnalité des espaces et des parcours, ce qui permet, entre autres, de diminuer le niveau de stress lié à l’orientation dans un centre hospitalier de cette ampleur. »

Une évaluation des plans a été réalisée afin de comprendre les liens essentiels fréquents entre les différentes salles, cliniques, bureaux… Des unités ont été réorganisées pour optimiser les superficies et réduire la distance des déplacements, permettant au personnel médical d’être davantage auprès des patients. « En se basant sur ce qui avait été pré-approuvé par le CHUM lors de la soumission de planification clinique (2014), sur les évaluations post-occupation disponibles, sur les normes en vigueur ainsi que sur l’expérience de notre équipe dans des projets similaires, ajoute Mme Gévry, la conception des espaces types et spécifiques, et celle du mobilier intégré ont donné un résultat entièrement ajusté aux besoins du personnel, que ce soit en matière de séquence d’utilisation, de sensibilité des contacts humains, d’ergonomie et de robustesse, le tout dans un souci d’accessibilité universelle, de pérennité et de développement durable. »

Amphithéâtre Pierre-Péladeau

Avec sa forme très singulière et son enveloppe en panneaux de cuivre, un matériau noble, durable et rappelant les toitures de plusieurs bâtiments institutionnels emblématiques de Montréal et d’ailleurs au Québec, l’Amphithéâtre Pierre-Péladeau constitue le « cœur » du projet. L’auditorium principal, d’abord conçu avec des gradins fixes, a été revu pour intégrer des gradins rétractables. Cette grande salle multifonctionnelle, incluant divers équipements technologiques et scénographiques, peut ainsi accueillir 365 personnes dans sa configuration standard, alors qu’en mode cabaret, elle offre près de 150 places. Le bâtiment abrite également cinq salles de réunion modulables (les parois mobiles permettent de configurer jusqu’à 10 salles de réunion), où l’acoustique est assurée notamment par l’utilisation de verre triple.

Véritable prouesse structurale, la volumétrie du bâtiment et ses grandes portées ont été obtenues par une trame porteuse complexe ainsi qu’une coque et des planchers en porte-à-faux. Intégré au-dessus du stationnement souterrain, ceinturé par un chemin de circulation périmétrique avec accès au stationnement, et doté d’un lanterneau vitré pleine largeur en toiture, cet amphithéâtre a été la source de nombreux enjeux fonctionnels et techniques et a demandé une grande maîtrise tant dans la conception que dans l’exécution.

Cette dernière phase du CHUM marque la fin d’un gigantesque projet de développement urbain dans le secteur de la santé. Un complexe hospitalier d’avant-garde où chercheurs, médecins, spécialistes unissent leurs forces pour contribuer à une société meilleure qui prend soin de ses habitants. Une fois de plus, l’architecture s’est avérée essentielle pour la réalisation d’une vision sociétale collective empreinte de sens et de valeurs humaines.

 

Équipe de projet

  • Finalisation de la conception, exécution et surveillance des travaux : Jodoin Lamarre Pratte | Menkès Shooner Dagenais LeTourneux architectes en consortium
  • Conception : CannonDesign + NEUF architect(e)s
  • Architecte patron : Michel Broz
  • Architectes cochargés de projet : Michel Broz et Anik Shooner
  • Direction de la conception : Jean-Pierre LeTourneux
  • Chargée de projet adjointe, responsable du contrôle de la qualité du projet et responsable des équipes de production et de chantier : Joanne Parent
  • Chargée de la planification des unités fonctionnelles cliniques et des ateliers, des équipements spécialisés, du contrôle qualité des aménagements intérieurs et coresponsable des équipes : Martine Gévry
  • Construction : Pomerleau
  • Ingénierie : Pageau Morel et associés, SDK et associés
  • Architecture du paysage : NIPpaysage