Elle dévoile, dans ce rapport, les perspectives provinciales et régionales de l’une des industries les plus importantes de l’économie du Québec.
Un sommet de 34 ans en 2021 pour les mises en chantier
La construction résidentielle connaît actuellement une période exceptionnelle au Québec, qui fera de 2021 l’une des meilleures années de l’histoire1 au chapitre des mises en chantier. Au total cette année, l’APCHQ projette qu’on aura coulé les fondations de 68 300 nouvelles habitations (incluant les régions rurales), soit une croissance de 26 % par rapport à 2020.
« Il est déjà établi que 2021 sera la meilleure année en 34 ans. Bien que nous serons encore loin du record absolu de 74 179 mises en chantier enregistré en 1987, il n’est pas encore exclu que nous battions les 68 748 unités entamées en 1976 présentement au deuxième rang », souligne Paul Cardinal, directeur du Service économique de l’APCHQ.
Un premier recul en sept ans en 2022
En dépit d’un déficit de logements, faute de ne pas avoir suffisamment construit au cours des dernières années et d’une croissance économique qui sera sans doute assez bonne, l’APCHQ s’attend à un ralentissement de 18 % de la construction résidentielle l’an prochain (56 000 mises en chantier). Cette diminution sera attribuable au fait que l’abordabilité commence à peser lourd sur les acheteurs potentiels, surtout pour les accédants à la propriété.
« En raison de l’envolée du coût des matériaux, le prix des logements neufs a crû de 20 % depuis un an et, par surcroît, les taux hypothécaires amorcent une remontée qui se poursuivra au cours des prochains mois », fait remarquer Paul Cardinal.
Sur le plan géographique, la baisse d’activité sera généralisée à toutes les régions, sauf celles de Laval et de la Côte-Nord. Fortes de leurs résultats exceptionnels de cette année, les régions de la Capitale-Nationale (-28 %), de Lanaudière (-25 %) et de Montréal (-22 %) risquent de connaître les baisses les plus marquées. À l’inverse, la Mauricie devrait enregistrer le recul le plus ténu, de l’ordre de 8 %. L’Outaouais (-10 %), l’Abitibi-Témiscamingue (-10 %), la Montérégie (-12 %) et l’Estrie (-14 %) sont quatre autres régions qui tireront mieux leur épingle du jeu que l’ensemble de la province.
Regain de popularité pour la construction de maisons unifamiliales
Pour la maison unifamiliale, qui connaît un certain regain d’intérêt depuis la pandémie, l’APCHQ prévoit une hausse des mises en chantier de 29 % en 2021. Toutefois, l’Association considère que si ce regain d’intérêt pour ce type de logement perdure en 2022, ce sera en termes relatifs uniquement, car la construction de maisons unifamiliales va ralentir l’an prochain, à hauteur de 8 %.
Après un record en 2021, la construction de logements locatifs perdra du terrain en 2022
En 2021, l’APCHQ souligne que les mises en chantier de logements locatifs fracasseront un record, avec près de 35 000 mises en chantier, et diminueront de 25 % en 2022 pour s’établir à 26 000 unités. La demande locative pourrait demeurer forte, notamment avec le retour des résidents non permanents et le manque d’abordabilité qui va contraindre certains ménages à demeurer locataires plus longtemps avant de pouvoir accéder à la propriété. Néanmoins, l’APCHQ considère que le rythme actuel de construction paraît insoutenable.
La copropriété toujours attrayante malgré la pandémie
L’APCHQ prévoit que le nombre de mises en chantier de logements en copropriété devrait enregistrer un rebond qui sera de l’ordre de 27 % en 2021 (9 200 mises en chantier) et accuser un repli de 10 % en 2022 (8 250 mises en chantier). Les logements en copropriété représenteront quelque 17 % des nouvelles constructions dans la province, une proportion qui grimpe à 26 % dans la région du Grand Montréal.
Hausse fulgurante des investissements en rénovation
En 2021, l’APCHQ prévoit que les dépenses en rénovation bondiront de 25 % par rapport à 2020 et atteindront ainsi 18,5 milliards de dollars.
Paul Cardinal souligne que « l’effervescence de l’automne dernier s’est poursuivie à bon rythme durant les premiers mois de 2021. Ajoutons à cela un marché de la revente en pleine ébullition, des coûts d’emprunt ridiculement bas et une flambée inattendue du coût des matériaux, et nous avons eu la recette parfaite pour une hausse spectaculaire des dépenses en rénovation cette année ».
En 2022, une diminution de 8 % est anticipée, ce qui permettra tout de même d’atteindre les 17 milliards de dollars d’investissements en rénovation résidentielle. « Avec le contexte pandémique qui s’achève, les gens qui avaient exceptionnellement redirigé certaines dépenses de sorties, de loisirs et de voyages vers la rénovation vont graduellement reprendre leurs dépenses normales », conclut Paul Cardinal.
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1 Source : SCHL. Les données débutent en 1955.