Nathalie Palladitcheff, présidente et cheffe de la direction de Ivanhoe Cambridge , s’est entretenue avec la revue PERE, qui lui décerne le Prix « Lifetime Achievement ».
En plus d’aborder la transformation du portefeuille d’Ivanhoé Cambridge et le parcours de Nathalie, le rédacteur en chef fait état des impressions de Charles Emond, président et chef de la direction, CDPQ, Francois Trausch, chef de la direction et directeur du placement chez PIMCO Prime Real Estate, et Rob Speyer, chef de la direction de Tishman Speyer, quant à l’impressionnante feuille de route de la PDG.
Cet article a initialement été publié en anglais sur le site de PERE News. Cliquez ici pour la version intégrale en anglais (disponible sur abonnement seulement).
« Ces choix sont déterminants, pas seulement pour la semaine prochaine, mais pour l’année prochaine, l’année suivante et 10 ans plus tard. Mes retraités seront toujours là. »
– Nathalie Palladticheff
À peine trois ans après avoir pris les rênes d’Ivanhoé Cambridge, Nathalie Palladitcheff est parvenue à créer une nouvelle vision du succès pour l’investisseur de 77 milliards $ CA et sa société mère de 400 milliards $ CA, la Caisse de dépôt et placement du Québec. Jonathan Brasse s’est entretenu avec elle au moment où la revue PERE lui décerne le Prix d’excellence pour l’ensemble de sa carrière.
Nathalie Palladitcheff a été nommée présidente et cheffe de la direction d’Ivanhoé Cambridge en octobre 2019. Peu de temps après être entrée en fonction, elle a conçu un plan de transition en trois points visant à permettre à la filiale immobilière de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), l’investisseur institutionnel responsable de plusieurs régimes publics de retraite et d’assurance québécois, de se transformer en une entreprise capable de faire face à la foule de changements très importants qui s’annonçaient. Son plan prévoyait une reconstruction sans précédent du portefeuille, un modèle d’affaires simplifié et même une réinvention de la culture d’entreprise.
Quelques mois plus tard, la planète était aux prises avec la pandémie de COVID-19, un phénomène sans précédent. Bien qu’ayant reçu le feu vert du conseil d’administration d’Ivanhoé Cambridge et de la CDPQ pour la mise en œuvre de son plan, Nathalie Palladitcheff se demandait s’il était opportun d’aller de l’avant, compte tenu de l’incertitude économique généralisée. « Je me suis posé beaucoup de questions, reconnaît-elle. Puis j’ai décidé non seulement de mettre le plan en œuvre, mais de l’accélérer. » De vastes volets d’un plan qui devaient prendre trois ans ont pu être exécutés en un an. Nathalie Palladitcheff attribue cette réussite au personnel qui s’est donné sans compter pour atteindre le but visé. « Cette période m’a beaucoup appris sur l’être humain et sur ce qu’il peut accomplir. Ses ressources peuvent être illimitées. »
Si la pandémie devient petit à petit chose du passé, elle laisse dans son sillage de nombreux défis pour l’économie mondiale. Dans ce contexte de précarité et d’incertitude, Ivanhoé Cambridge et sa société mère, la CDPQ, récoltent déjà les fruits de la décision de Nathalie Palladitcheff. À la fin du mois dernier, la société a en effet annoncé pour 2022 un rendement de 12,42 % sur des actifs totalisant environ 77 milliards $ CA (51,4 milliards $ US; 47,9 milliards €), ce qui est comparable au rendement de 12,45 % obtenu l’année précédente. Pour ces deux exercices, la société a largement dépassé l’indice de référence, composé d’investisseurs institutionnels.
Ces résultats sont très différents de l’époque où Nathalie Palladitcheff a assumé ses fonctions actuelles, alors que la société affichait un taux de rendement négatif. Sa proposition, soit de passer d’une base d’actifs composée principalement de centres commerciaux et de tours de bureaux à un portefeuille privilégiant la logistique et les logements et de mettre fin complètement aux activités de gestion immobilière pour se consacrer uniquement aux placements, témoignait d’une certaine audace. « Ou simplement de stupidité », lance-t-elle en riant. Effectivement, au cours de l’année qui a suivi, pendant que ces mesures étaient en cours d’application, et tandis que nous demeurions confinés à attendre l’avènement d’un vaccin, le rendement d’Ivanhoé Cambridge a continué de diminuer.
Nathalie Palladitcheff a gardé le cap. Elle estimait que les défis d’Ivanhoé Cambridge se poursuivraient au-delà de l’incertitude à court terme. En outre, elle était persuadée que plus vite la société surmonterait la douleur due à la transformation, plus elle serait saine après la fin du processus.
« Ces choix sont déterminants, pas seulement pour la semaine prochaine, mais pour l’année prochaine, l’année suivante et 10 ans plus tard. Mes retraités seront toujours là. », explique-t-elle. Dans ses propos, Nathalie Palladitcheff exprime un sentiment de responsabilité personnelle lorsqu’elle parle des 6 millions de Québécois et de Québécoises dont les caisses de retraite sont confiées à la CDPQ. En parlant de « mes retraités », elle souligne qu’un portefeuille immobilier mal structuré ou mal géré compliquerait considérablement ce rôle d’intendance. « Si je n’avais pas réglé ces problèmes, quelqu’un d’autre aurait dû le faire. J’ai été nommée pour accomplir ces tâches, alors la responsabilité m’en incombe. »
C’est en s’attaquant directement à ces tâches, tout en défendant les causes environnementales et sociales et la gouvernance, qu’elle a conquis les cœurs et les esprits des 550 membres du personnel d’Ivanhoé Cambridge, de la direction de la CDPQ et des communautés d’affaires de Montréal et de l’ensemble du Québec. Son travail exceptionnel a même été reconnu par le secteur immobilier du Canada, qui, en novembre dernier, l’a nommée présidente de REALPAC, l’association nationale des intervenants du secteur immobilier.
« Nathalie est un modèle formidable pour la CDPQ », affirme Charles Emond, président et chef de la direction de la Caisse et supérieur hiérarchique de Nathalie Palladitcheff. « Il nous faudrait douze Nathalie! Au cours des deux dernières années, nous avons dépassé les valeurs de référence que nous nous étions fixées pour la Caisse, et Nathalie a été une des principales artisanes de cette réalisation. »
Dans le cadre des Prix mondiaux décernés par la revue PERE, le choix de Nathalie Palladitcheff s’est imposé de lui-même cette année pour le Prix d’excellence pour l’ensemble d’une carrière. Elle rejoint ainsi un prestigieux groupe de lauréats issus des secteurs des sociétés de gestion immobilière et des investisseurs institutionnels, dont le dirigeant de Starwood, Barry Sternlicht, le fondateur de Lone Star, John Grayken, la responsable mondiale des investissements alternatifs pour AXA IM, Isabelle Scemama, et le grand patron d’APG, Patrick Kanters. Nathalie Palladitcheff se réjouit à la perspective de faire partie de ce groupe : « C’est très gratifiant de partager ce genre de réalisation avec l’équipe. Je sais que mes collègues vont en être très fiers. »