Dans le cadre des consultations prébudgétaires du ministre des Finances, Éric Girard, qui se sont terminées le 19 février 2021, l’Association de la construction du Québec (ACQ) a invité le gouvernement à déployer une stratégie pour limiter la hausse des coûts de construction.

En effet, dans un document qu’elle a présenté au début du mois de janvier au cabinet des Finances, l’ACQ a demandé au gouvernement de soutenir la chaîne d’approvisionnement, de rendre les donneurs d’ouvrage publics plus attrayants pour les entrepreneurs, de pallier la pénurie de main-d’œuvre et d’aider les entreprises de construction à prendre le virage numérique.

Limiter la hausse des coûts de construction

En tenant compte de la forte demande dans le secteur résidentiel, des investissements dans les infrastructures publiques, du contexte de pénurie de main-d’œuvre dans la construction, sans oublier que les donneurs d’ouvrage publics sont reconnus comme étant de mauvais payeurs, l’ACQ estime que tous les ingrédients sont réunis pour que les coûts de construction explosent au cours de la prochaine année.

Dans son mémoire, l’ACQ propose au gouvernement de déployer une série d’actions qui permettront à la chaîne de production de mieux répondre à la demande et au gouvernement d’être plus attrayant pour les entrepreneurs en construction pour ainsi favoriser la concurrence.

En premier lieu, l’ACQ rappelle au gouvernement que la solution la plus efficace pour à la fois relancer l’économie et rendre les donneurs d’ouvrage publics plus attrayants est d’instaurer un calendrier de paiement obligatoire et un mode de règlement des différends. Cela permettrait au gouvernement de libérer, à coût nul, 1,2 milliard de dollars dans l’économie du Québec. De la sorte, les entreprises de construction auraient davantage de liquidités pour faire face aux pressions de l’économie et améliorer leur productivité par des investissements dans les nouvelles technologies.

À court terme, l’ACQ propose au gouvernement de soutenir l’industrie manufacturière afin que la chaîne d’approvisionnement de l’industrie de la construction soit plus productive et qu’elle suffise à la demande. L’ACQ suggère d’aider particulièrement les entreprises du secteur du bois, puisque les prix de ce matériau ont augmenté de façon significative au cours des derniers mois.

Pallier la pénurie de main-d’œuvre

Avant les nouvelles mesures de confinement, la relance de la construction était bien entamée. À un point tel que la demande de main-d’œuvre était revenue à un niveau semblable à celui de 2019, qui fut une année record pour l’industrie de la construction. D’ici 2028, l’ACQ estime qu’il manquera près de 20 000 travailleurs sur les chantiers de construction, ce qui aura très certainement des effets sur les délais de livraison et sur le niveau de productivité de l’industrie.

C’est d’ailleurs pourquoi l’ACQ a recommandé au gouvernement d’adopter les mesures proposées par la Commission de la construction du Québec (CCQ) en décembre 2020, même si elles ne représentent qu’une partie de la solution.

En effet, plusieurs centres de services scolaires font face à une réalité déchirante, le coût d’implantation des programmes d’étude recherchés dans leur région étant trop élevé par rapport aux ristournes de sanctions globales remises par étudiant à la fin de leurs cursus. À ce sujet, l’ACQ propose au gouvernement du Québec d’investir massivement pour former et attirer les jeunes et les chômeurs pandémiques dans l’industrie de la construction tout en aidant financièrement les Centres de formation professionnelle afin d’élargir l’offre de formation pour les métiers de la construction, et ce, dans toutes les régions du Québec.

Un virage technologique qui se fait attendre

Outre l’Initiative québécoise pour la construction 4.0 (IQC 4.0), qui vise à doter les entreprises participantes d’un plan stratégique personnalisé pour accélérer leur transition numérique, l’industrie de la construction tarde à bénéficier d’une aide analogue à celle reçue par l’industrie manufacturière afin de procéder à un important virage numérique. Le même type d’engagement de la part du gouvernement envers l’industrie de la construction pourrait véritablement être bénéfique pour les entreprises de construction, dont près de 85 % ont cinq employés ou moins.

Selon l’ACQ, le gouvernement peut adapter certaines de ses mesures d’aide aux entreprises pour les rendre accessibles à l’industrie de la construction, comme le programme Essor. De cette façon, il aiderait grandement les entrepreneurs à rester compétitifs. Plusieurs nouveaux outils technologiques révolutionnent les façons de construire partout sur la planète et une aide gouvernementale permettrait à cette industrie d’emboîter le pas, d’améliorer sa productivité en chantier et, par le fait même, de limiter la hausse des coûts de construction.