La volatilité a été omniprésente en août et le rebond estival a pris fin lorsque plusieurs dirigeants de la Réserve fédérale américaine (Fed) ont fermé la porte à tout assouplissement de la politique monétaire et, par ricochet, anéanti les espoirs d’un atterrissage en douceur de l’économie.

En effet, ils ont indiqué que la banque centrale devrait continuer de relever les taux d’intérêt et les conserver à des niveaux élevés pendant un certain temps afin de juguler l’inflation galopante. Ils ont aussi écarté la possibilité d’une réduction des taux en 2023 et averti que les mesures prises pour ramener le taux d’inflation à 2 % ne seront pas faciles pour les ménages et les entreprises. Les actions et les obligations se sont inscrites en repli pour le mois d’août, témoignant ainsi de la valeur procurée par les stratégies de marchés privés dans un portefeuille bien équilibré.

Les marchés boursiers mondiaux sont repartis à la baisse en août. Les investisseurs n’ont pas été encouragés par la détermination de la Fed à freiner l’inflation, peu importe les conséquences sur la croissance économique. L’indice MSCI Monde tous les pays a ainsi perdu 3,9 %. Les actions de croissance ont été les plus durement touchées, la forte hausse des taux de rendement obligataires ayant essentiellement nui aux segments les plus onéreux du marché, surtout les titres technologiques. En baisse de 4,2 % pour le mois, l’indice S&P 500 a retranché la moitié des gains inscrits depuis le début de l’été. Au Canada, l’indice S&P/TSX a reculé de seulement 1,8 %. L’indice MSCI EAEO a chuté de 5 %, alors que l’indice MSCI Marchés émergents a fait du surplace en août.

Les marchés obligataires ont enregistré des rendements négatifs sous l’effet des mesures adoptées par les banques centrales du monde entier visant à endiguer l’inflation. Les taux de rendement obligataires ont bondi après le discours tant attendu du président de la Fed lors du symposium de Jackson Hole. Jerome Powell a répété le besoin d’une politique monétaire « musclée » et « rigoureuse » pour ramener l’inflation au taux cible de 2 %. Il a affirmé que la banque centrale poursuivra vraisemblablement la hausse du taux directeur pour ensuite le maintenir à un niveau élevé, en plus de laisser entrevoir une nouvelle augmentation « substantielle » en septembre et d’écarter la possibilité d’une réduction prématurée des taux. Suite aux commentaires très peu rassurants du président de la Fed, les taux de rendement du bon du Trésor à 2 ans ont augmenté de 61 p.c., à 3,49 %, comparativement à une hausse de 54 p.c., à 3,19 %, pour son homologue à 10 ans. Les taux de rendement des obligations à long terme demeurent inférieurs à ceux des titres à deux ans, puisque les investisseurs s’attendent généralement à ce que le resserrement de la politique monétaire entraîne un ralentissement de la croissance économique. En août, l’indice obligataire universel FTSE Canada a perdu 2,7 % et l’indice agrégé des obligations américaines Barclays a chuté de 2,8 %.

Sur les marchés de change, le dollar américain a poursuivi sur sa lancée et atteint un sommet de 20 ans après que le président Powell ait réitéré l’engagement solennel de la Fed à combattre l’inflation. Ce message intransigeant a fait suite à des commentaires similaires par un grand nombre de dirigeants de la Fed, lesquels ont souligné le besoin de relever les taux d’intérêt à des niveaux restrictifs et de les conserver à ces niveaux pendant un certain temps.

En ce qui concerne les matières premières, le prix du pétrole brut a reculé pour un troisième mois d’affilée en raison des inquiétudes croissantes voulant que le resserrement de la politique monétaire provoque une baisse de la croissance et de la demande énergétique. Dans la même veine, l’or s’est inscrit en baisse pour un cinquième mois d’affilée du fait de l’appréciation du billet vert et de la progression des taux de rendement des bons du Trésor, deux éléments qui ont refroidi l’intérêt des investisseurs envers ce métal qui ne porte pas intérêt. Le cuivre a aussi perdu de la valeur, car les investisseurs craignent que le ralentissement de la croissance mondiale, causée par la crise énergétique en Europe, le resserrement de la politique monétaire et la stratégie zéro-Covid des autorités chinoises, nuise à la demande de métaux industriels.

 

Par

Jean-Guy Desjardins
Président exécutif du Conseil et codirecteur, Répartition globale de l’actif

Candice Bangsund, CFA
Vice-présidente et codirectrice, Répartition globale de l’actif