Prével et le comité de sélection annoncent que l’artiste Antonietta Grassi est la lauréate du concours pour l’intégration d’une sérigraphie sur verre permanente qui sera installée au sein du projet Esplanade Cartier, situé dans le quartier Sainte-Marie de l’arrondissement de Ville-Marie de Montréal.
Rappelons que ce projet s’inscrit dans la volonté de Prével d’incorporer l’art local et la culture au patrimoine urbain, ainsi que de souligner l’apport immense du Y des femmes au sein de la communauté montréalaise. L’organisme occupera d’ailleurs une partie importante de l’un des édifices du projet.
Le comité de sélection indépendant était présidé par Mme Natalie Lafortune, artiste visuelle et résidente du quartier, et formé des membres David Deschênes, directeur Conception et Innovation chez Prével, Florence-Agathe Dubé-Moreau, auteur et commissaire indépendante, Louis-Xavier Gagnon-Lebrun, co-directeur artistique et concepteur lumière chez Atomic 3, Gil Hardy, architecte et co-fondatrice de NOS Architectes, Anne-Marie Leclair, associée et vice-présidente, Stratégie et Innovation chez LG2, et Nadine Raymond, présidente et directrice générale du Y des femmes de Montréal. Les artistes Annie Hamel, Josée Pedneault et Marianne Chevalier faisaient également partie des finalistes choisies par le jury.
En raison de son emplacement et de son ampleur, l’œuvre d’Antonietta Grassi bénéficiera d’une visibilité exceptionnelle depuis le tablier du pont Jacques-Cartier et l’avenue De Lorimier.
« Bien que nous vivions dans un monde de plus en plus dématérialisé où la technologie fait partie de notre quotidien personnel et collectif, je cherche à représenter l’esthétique joyeuse et physique de la technologie à travers l’art. L’œuvre proposée, basée sur une de mes peintures originales, a été repensée et recrée sous forme d’image numérique pour l’impression sur le verre. Elle aura l’apparence d’une tapisserie numérique ressemblant à une cascade colorée sur la façade du bâtiment, transformant l’enveloppe de l’édifice en une toile artistique. De loin, l’œuvre ressemble à un hybride entre un tissage et des codes-barres, reflétant ainsi une fusion de la technologie et de l’artisanat. Les lignes dans ce travail, comme dans mon travail en général, symbolisent les connexions. Il peut s’agir des lignes que nous rencontrons dans les données quotidiennes encodées dans tout ce que nous consommons, comme les codes-barres et les tableaux de données, ou il peut s’agir des lignes que nous trouvons dans les fils des tissus qui nous entourent; la chaîne et la trame tenant le tout ensemble. Ce sont les lignes métaphoriques qui nous relient à travers les générations, qui illustrent comment nous construisons sur le passé et nous dirigeons vers l’avenir. » – Antonietta Grassi, artiste et lauréate du concours.
Notons que les Montréalaises et les Montréalais pourront admirer l’œuvre de la lauréate en 2024.
« Cette œuvre abstraite vivante et joyeuse, qui évoque la vie dans le quartier, a beaucoup plu aux membres du comité de sélection. La proposition est parfaitement en lien avec la pratique de l’artiste Antonietta Grassi, un langage esthétique qui reflète l’aspect du métier à tisser et son influence sur l’invention du premier ordinateur. L’hybride formel entre le tissage et le code-barres prend tout son sens, en lien avec le Y des femmes, considérant le rôle déterminant des femmes scientifiques et mathématiciennes dans le développement des premières programmations informatiques. L’œuvre se veut ainsi un hommage aux femmes du passé ayant travaillé dans l’industrie du textile mais est résolument tournée vers le futur, notamment par l’apport des femmes en mathématiques et les références multiples à la technologique (data, codes-barres de données). En ce sens, l’œuvre offre plusieurs niveaux de lecture et des opportunités de médiation pour Prével et le Y des femmes. La qualité du travail de transposition de la pratique en peinture de l’artiste vers un travail numérique grand format a été grandement appréciée par les membres du comité. L’œuvre vient transcender l’architecture à l’extérieur et présente des détails riches et multiples depuis l’intérieur. Le travail sur la transparence, les reflets de lumière, les superpositions et les textures contribuent à l’appréciation visuelle de l’œuvre, voire au bien-être des usagers et usagères de l’édifice. Cette tapisserie numérique laisse aussi une grande place à l’interprétation. Son abstraction et sa sobriété formelle ont également milité en sa faveur quant à l’importance de l’intemporalité de l’œuvre et sa pérennité esthétique. »
Antonietta Grassi s’est engagée dans la pratique de la peinture abstraite pendant la plus grande partie de sa carrière. Ses peintures, qui apparaissent d’abord comme des abstractions géométriques aux arêtes vives, sont composées de surfaces peintes multicouches où le toucher de la main est primordial. Grassi peint des formes superposées, intuitivement dérivées, entrecoupées de fines lignes filiformes, créant des œuvres où le textile, les systèmes informatiques, l’architecture et l’histoire de la peinture du XXe siècle s’entrechoquent. À travers sa palette nuancée et étagée, elle explore la couleur et la lumière pour créer des espaces perceptifs qui sont dessinés à partir de sa mémoire et son imagination. Le travail de Grassi est à la fois mathématique et pictural, reflétant une approche axée sur les processus qui dément les compositions organisées des formes géométriques qui prévalent dans les œuvres.
Le travail de Grassi a fait l’objet d’expositions individuelles et collectives dans des musées et des galeries au Canada, aux États-Unis et en Europe, notamment au Musée national des beaux-arts du Québec; Museo Civico di Molise à Casacalende, Italie; Kunstwerk Calshutte à Budelsdorf, Allemagne; le Centre des Arts de Boston, Trestle Gallery, à New York; Galerie du manifeste, à Cincinnati, Ohio; la galerie Bruce Lurie, à Los Angeles; la Galerie McClure, Lilian Rodriguez, la Galerie Leonard et Bina Ellen et la Maison de la Culture Frontenac, à Montréal. Son travail figure dans de nombreuses collections publiques, corporatives et privées, notamment au Musée national des beaux-arts du Québec. (Source : www.antoniettagrassi.com)