L’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) souligne l’absence de mesures concernant le volet privé de l’habitation dans le budget du Québec déposé aujourd’hui par le ministre des Finances, M. Éric Girard. Pourtant, l’Association avait vivement recommandé, au cours des derniers mois, de mettre en place des mesures visant à accélérer la construction résidentielle pour contrer la pénurie d’habitations et la surchauffe des prix sur le marché immobilier et à poser des actions concrètes afin de favoriser l’accès à la propriété.

Le gouvernement a concentré son action dans le domaine social, avec une aide additionnelle pour la livraison de 1 000 unités de logements sociaux abordables, en portant l’enveloppe dans ce domaine à 416 M$. Pour la rénovation du parc d’habitations à loyers modiques, le programme Rénovation Québec et d’autres programmes ciblés à 218 M$ sont prévus. L’APCHQ considère qu’il s’agit d’efforts importants et nécessaires. Toutefois, elle observe que le gouvernement demeure muet quant aux mesures qui pourraient aider à rénover les habitations ou immeubles locatifs privés, notamment les mesures touchant l’accession à la propriété.

« Avec l’explosion des prix de l’immobilier, l’occasion se prêtait pourtant à une indexation des crédits de TVQ sur habitations neuves, à une remise d’une partie des droits de mutation ou encore à une subvention bonifiée pour la rénovation d’immeubles locatifs existants », souligne François Bernier, vice-président principal, Affaires publiques à l’APCHQ.

Rappelons que le Québec affiche un retard important par rapport au reste du Canada au chapitre du taux de propriété, soit 61,3 % comparativement à 67,8 % pour la moyenne canadienne. De plus, dans le contexte actuel de pénurie de logements, l’accession à la propriété permettrait de libérer des logements et d’apaiser les pressions sur le marché.

Or, l’Association a constaté que le seul crédit d’impôt touché à l’occasion du présent budget concerne la prolongation de l’aide permettant la mise aux normes d’installations d’assainissement des eaux usées résidentielles, et ce, jusqu’en 2027, pour un montant pouvant atteindre 5 500 $.

Pour faire face à la surchauffe, le gouvernement a rappelé ses actions : modification à la Loi sur le courtage pour éviter certains conflits d’intérêts ainsi que la publication de projets de règlement concernant l’inspection des bâtiments. Le gouvernement estime que le marché immobilier devrait se rééquilibrer graduellement, ce qui limitera la progression des prix. Pourtant, selon l’APCHQ, tout porte à croire que nous vivrons à nouveau une hausse de 15 % ou plus des prix en 2022, et que, malgré un certain ralentissement, il demeure un déficit de plus de 100 000 logements à combler pour répondre aux besoins du Québec et éviter une crise du logement au cours des prochaines années.

« Même si les villes, les groupes sociaux et l’industrie privée ont bien signifié leurs préoccupations, le gouvernement ne semble pas s’inquiéter outre mesure.   Les visions sont assez différentes », constate M. Bernier, qui invite le gouvernement à pousser l’analyse, car le bon fonctionnement du marché privé de l’habitation peut certainement contribuer à diminuer les budgets à consacrer aux différentes formes d’aide à caractère social.

Au sujet des contrats publics de construction, le budget énonce l’engagement du gouvernement de mettre fin aux délais de paiement dans l’industrie de la construction.

« Nous saluons cet engagement majeur », souligne François Bernier. La Coalition contre les retards de paiement dans la construction, dont fait partie l’APCHQ, réclame cette réforme depuis de nombreuses années.

Le gouvernement maintient par ailleurs son intention d’exercer davantage de contrôles, notamment par le biais de la Régie du bâtiment du Québec (RBQ), en rénovation résidentielle surtout. Dans ce même domaine, on verra aussi Revenu Québec implanter un module électronique de partage des factures.

« Malgré le discours d’allègement administratif et réglementaire, les annonces concrètes vont malheureusement en sens inverse dans le présent budget », note M. Bernier.

Pour la suite des choses, ajoute-t-il, « espérons que la période électorale offrira une occasion aux différentes formations politiques d’exprimer leurs idées permettant d’améliorer la situation de l’ensemble des ménages québécois face aux différents enjeux du secteur de l’habitation ».