Par Jean-Guy Desjardins, Président exécutif du Conseil et codirecteur, Répartition globale de l’actif, et Candice Bangsund, vice-présidente et co-directrice, Répartition globale de l’actif

Les investisseurs ont encore marché sur des oeufs en mars, alors que la guerre entre la Russie et l’Ukraine a continué de dicter l’évolution des marchés financiers. En effet, ils ont tenté de déterminer l’impact du conflit sur l’économie mondiale, l’inflation et la politique des banques centrales. Les marchés obligataires ont poursuivi leur tendance baissière, mais les marchés boursiers mondiaux ont rebondi des creux atteints après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Malheureusement de nombreux doutes persistent quant à la durabilité de cette relance au vu de l’inflation galopante, de la possibilité d’une normalisation rapide de la politique monétaire et des tensions géopolitiques persistantes.

Les marchés boursiers mondiaux ont repris du terrain en mars, l’indice MSCI Monde tous les pays gagnant 1,9 % pour la période. Bien que l’indice S&P 500 ait affiché son pire rendement trimestriel depuis 2020, il a enregistré un net rebond en mars grâce aux investisseurs qui ont tiré parti de la chute des cours. Au Canada, l’indice S&P/TSX a dégagé son meilleur gain mensuel depuis octobre, sous l’impulsion de la hausse du prix des matières premières et de l’excellent rendement du secteur des ressources. À l’étranger, les actions de la zone euro ont connu une mauvaise période du fait des risques économiques liés à la guerre en Ukraine. En ce qui concerne les marchés émergents, les actions chinoises ont été tirées vers le bas par les conséquences des mesures de confinement au moment même où la demande nationale diminue.

Les marchés obligataires ont de nouveau reculé en mars, plombés par l’accentuation des pressions inflationnistes dans le monde. Les taux de rendement obligataires mondiaux ont augmenté sous l’effet du changement de ton des banques centrales, dont les dirigeants ont priorisé la stabilité des prix en dépit des tensions géopolitiques persistantes. Comme prévu, la Réserve fédérale américaine a relevé son taux directeur de 25 p.c. en mars. En revanche, la banque centrale américaine a surpris les marchés en confirmant que sa politique monétaire sera graduellement resserrée afin d’endiguer l’inflation galopante. La courbe des taux de rendement s’est aplanie. Le segment à court terme a augmenté davantage que son homologue à long terme, car les négociateurs ont intégré une hausse plus rapide des taux d’intérêt. Le taux de l’obligation du Trésor à 2 ans a bondi de 90 p.c., à 2,33 %, tandis que son homologue à 10 ans a gagné 51 p.c., à 2,34 %. Les taux canadiens ont évolué dans le même sens après que la banque centrale ait relevé ses taux en mars et qu’un dirigeant ait indiqué que les décideurs politiques devaient agir avec vigueur afin de juguler l’inflation. L’indice obligataire universel FTSE Canada et l’indice des obligations américaines agrégées Barclays ont retranché 3,0 % et 2,8 %, respectivement, pour le mois.

Le dollar américain s’est apprécié sous l’effet du durcissement de ton observé parmi les dirigeants de la Réserve fédérale, ce qui a relevé l’attrait de son rendement. En dépit de la vigueur du billet vert, le huard a gagné de la valeur grâce à la hausse des prix des matières premières, secteur dominant au Canada.

Les marchés pétroliers ont évolué en dents de scie, alors que les négociateurs tentaient de naviguer cette conjoncture géopolitique incertaine et de déterminer les conséquences potentielles sur l’offre énergétique au vu des conditions de marché déjà très restreintes. Le prix du brut a augmenté en mars, mais il a quelque peu reculé vers la fin du mois lorsque le président Biden a ordonné la libération d’une quantité sans précédent de pétrole des réserves stratégiques avec l’objectif de réduire les prix à la pompe. L’or a aussi bénéficié du conflit en Ukraine et de la flambée de l’inflation.